mardi, septembre 30, 2008
Un Escroc de Première Classe/ L'Orient Express
" Je, Moi, Je marchais d'un pas trop lent. D'un pas essoufflé. Je crois que je pense trop quand je marche. Jamais assez pour les autres. Je crois que je passais sous Le pont. Le pont où j'avais vu deux imbéciles heureux comme on en fait plus. Ils pique-niquaient sur une nappe Vichy. Avec les petits carreaux rouge et blanc. En faite tout bien réfléchi je crois que les deux affolés auraient bien pu être sur un banc en se délectant d'un vulgaire soda saturé d'arôme artificiel... Je ne me souviens plus. A vrai dire peu importe, j'aime à me les imaginer satisfaits, bienheureux un verre de rouge à la main. Ces deux là parlaient fort. Pour couvrir le bruit des bateau-mouche farcis d'asiatique photographe qui passaient inlassablement. Je ne me rappelle plus bien où es que j'était, quel était le nom de ce pont et dans quel but je marchais. Peut-être bien que j'était vers Iéna. Non. Impossible. Ou alors rue du Bac. Non. Près de Charonne? Ah. Oui. Sûrement. Et j'imagine que je n'allais nulle part. Enfin si. Il me semble bien que j'allais à la Poste. Service publique trop jaune, rachitique, souffreteux et grabataire. J'avais demandé mon chemin. Je ne connaissais pas bien l'endroit, la ville. Et avec cette effervescence, ce tressaillement des pavés... Un jeune homme à bicyclette m'a donc accompagné pour que je puisse envoyer ma lettre. Avant de nous quitter, il me donna un tract pour un pièce de théâtre : Théogonie et cajolerie. Je ne suis pas allé la voir. Il faisait chaud. Surtout place de l'horloge près du palais des papes. Il faisait froid, aussi. Un froid sibérien. Et je ne sais pas ce que je dit. Surtout quand je me promenais rue des Rosiers Dans les ruelles écrasées, écrabouillées par la canicule on me tend des affichettes, on harangue la foule intello, on se vend, on sourit, on lèche, pourlèche. Ici mieux qu'en face. On nous englue d'onirisme, de mirage dès qu'on à le dos tourné. La vieille ville est pleine de clown heureux, de gens à masque, d'artistes surjoués. Il y a les discrets aussi. Ceux qui vous charme doucement. On a envie de leur offrir ce qu'il veulent, des yeux pour les regarder mentir et trahir. Mais non. Même pas. Je préfère encore m'enfoncer dans l'hiver mes mains dans des gants en laine, ma tête dans un bonnet rouge et mon corps dans un lourd, trop lourd manteau sombre. Je ne me souviens plus comment je me suis retrouvée à Saint-Germains. Je ne sais presque plus si je n'y ai jamais vraiment été. Ou peut-être était-je sur la butte avec les touristes, avec moi. Tout était défait, à terre, dans la rue Thiers. Près des remparts, les affiches cartonnées rejoignaient les merdes canines. La Mégère Apprivoisée rencontrait le trottoir brûlant. Caubère dégoulinait sur une comédie vulgaire et poisseuse. Je bavais de froid dans mon écharpe à travers les puces sautillantes de Vanve. Non. Il est possible que je fus à Bellevile. Non. J'en suis sur maintenant je n'y était pas. Ce dont je suis certaine c'est qu'ils étaient là les Autres. Ces individus. Ils y étaient, n'importe où. Leurs pieds étaient dans le sol, leurs mains montraient le ciel, leurs yeux souriaient à d'autre. Ils marchaient mécaniquement habités pas les paroles qui traversaient leurs songes., par les souvenirs qui leurs grignotaient le coeur. La dernière fois que je me suis vu, c'était le soir. Dans un tunnel carrelé à engin supersonique. Non. C'était près d'une grande avenue, sous un masque. J'avais une écharpe aussi. Et un éventail. En tout Cas j'était Vivante. "
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