mardi, novembre 11, 2008

mardi, septembre 30, 2008

Un Escroc de Première Classe/ L'Orient Express

" Je, Moi, Je marchais d'un pas trop lent. D'un pas essoufflé. Je crois que je pense trop quand je marche. Jamais assez pour les autres. Je crois que je passais sous Le pont. Le pont où j'avais vu deux imbéciles heureux comme on en fait plus. Ils pique-niquaient sur une nappe Vichy. Avec les petits carreaux rouge et blanc. En faite tout bien réfléchi je crois que les deux affolés auraient bien pu être sur un banc en se délectant d'un vulgaire soda saturé d'arôme artificiel... Je ne me souviens plus. A vrai dire peu importe, j'aime à me les imaginer satisfaits, bienheureux un verre de rouge à la main. Ces deux là parlaient fort. Pour couvrir le bruit des bateau-mouche farcis d'asiatique photographe qui passaient inlassablement. Je ne me rappelle plus bien où es que j'était, quel était le nom de ce pont et dans quel but je marchais. Peut-être bien que j'était vers Iéna. Non. Impossible. Ou alors rue du Bac. Non. Près de Charonne? Ah. Oui. Sûrement. Et j'imagine que je n'allais nulle part. Enfin si. Il me semble bien que j'allais à la Poste. Service publique trop jaune, rachitique, souffreteux et grabataire. J'avais demandé mon chemin. Je ne connaissais pas bien l'endroit, la ville. Et avec cette effervescence, ce tressaillement des pavés... Un jeune homme à bicyclette m'a donc accompagné pour que je puisse envoyer ma lettre. Avant de nous quitter, il me donna un tract pour un pièce de théâtre : Théogonie et cajolerie. Je ne suis pas allé la voir. Il faisait chaud. Surtout place de l'horloge près du palais des papes. Il faisait froid, aussi. Un froid sibérien. Et je ne sais pas ce que je dit. Surtout quand je me promenais rue des Rosiers Dans les ruelles écrasées, écrabouillées par la canicule on me tend des affichettes, on harangue la foule intello, on se vend, on sourit, on lèche, pourlèche. Ici mieux qu'en face. On nous englue d'onirisme, de mirage dès qu'on à le dos tourné. La vieille ville est pleine de clown heureux, de gens à masque, d'artistes surjoués. Il y a les discrets aussi. Ceux qui vous charme doucement. On a envie de leur offrir ce qu'il veulent, des yeux pour les regarder mentir et trahir. Mais non. Même pas. Je préfère encore m'enfoncer dans l'hiver mes mains dans des gants en laine, ma tête dans un bonnet rouge et mon corps dans un lourd, trop lourd manteau sombre. Je ne me souviens plus comment je me suis retrouvée à Saint-Germains. Je ne sais presque plus si je n'y ai jamais vraiment été. Ou peut-être était-je sur la butte avec les touristes, avec moi. Tout était défait, à terre, dans la rue Thiers. Près des remparts, les affiches cartonnées rejoignaient les merdes canines. La Mégère Apprivoisée rencontrait le trottoir brûlant. Caubère dégoulinait sur une comédie vulgaire et poisseuse. Je bavais de froid dans mon écharpe à travers les puces sautillantes de Vanve. Non. Il est possible que je fus à Bellevile. Non. J'en suis sur maintenant je n'y était pas. Ce dont je suis certaine c'est qu'ils étaient là les Autres. Ces individus. Ils y étaient, n'importe où. Leurs pieds étaient dans le sol, leurs mains montraient le ciel, leurs yeux souriaient à d'autre. Ils marchaient mécaniquement habités pas les paroles qui traversaient leurs songes., par les souvenirs qui leurs grignotaient le coeur. La dernière fois que je me suis vu, c'était le soir. Dans un tunnel carrelé à engin supersonique. Non. C'était près d'une grande avenue, sous un masque. J'avais une écharpe aussi. Et un éventail. En tout Cas j'était Vivante. "

dimanche, juin 15, 2008

SUlfatE


Moi aussi je...
Moi aussi je veux parler de nostalgie....
Oui Je voudrais donner des noms.
Mais vous le savez VOUS.
Votre nom.

samedi, juin 07, 2008

Mademoiselle Apocalypse

Benjamin Kühn est un artiste

jeudi, mai 22, 2008

Marilyn et John


Je monte cet Escalator.
Enfin, cet Escalator me monte. Il y a une petite serre de plastique autour et je me sens comme à Beaubourg, oui tout cela a furieusement l'air parisien. Mais nous sommes à Toulouse. Bien que nous voudrions être ailleurs. Et qu'es que ça veut dire Beaubourg? Une industrie artistique avec des robes de viande et des toiles vierges? Au delà de tout ça, c'est sûrement de nombreux souvenirs qui me reviennent dès que je sens cette impression beaubouresque ou pompidienne comme tu préfère. Enfin voila je sens les couleurs des tuyaux et plus loin les toits basiquement romantique, les verrières et puis cette toile dorée, cette toile d'araignée et ça grouille, ça grouille dans ma tête. Parce que j'ai la folle prétention de vouloir vous retranscrire ces instants qui justement n'ont pas de nom, ces souvenirs qu'on ne peut pas dire sans les violer. Et c'est moi qui dit ça. C'est assez égoïste en somme de vouloir offrir au papier l'ensemble sensoriel de moment ou d'image qui nous construisent en se faisant croire qu'on les donne humblement aux autres. On les garde au contraire jalousement et l'on se pommade le coeur, les failles, d'ambiance perdu à jamais, de musique qu'on ne cesse d'espérer revivre, de chaleur qu'on veut sur nos peau à nouveau. Et même on rêve de ce dont on ne sais jamais souvenu. D'une enfance brodée sur des photos et des histoires usées. Et de truc, de vies, de villes, d'odeurs, d'amis, de trottoirs et de ciel qu'on n'a jamais vécu, qu'on a jamais foulé, rencontré, humé, fumé et qui tant bien que mal, s'inscrive, se grave dans nos mains nos existence ridés de fabulations folles et d'inventions précises.

Elle sont en nous, et alors, seulement, nous sommes en elles.

A chacun ses expressions, sa cage. Son infini renversant, son horizon renversé.
Ses revers hésitants et sa verve-exutoire expiée.
Et ma main s'étouffe, s'essouffle d'ennui, Car ce que l'on devient m'ennuie.
Ce dont on ne se satisfait plus me lasse. Et ce qui me lasse m'ennuie.
Bienheureux les simples d'esprits et,
Tend l'autre joue ma soeur, Tend L'autre joue mon frère
Ce qui m'endort m'auréole
J'ai été à bonne école.

vendredi, mai 09, 2008

This IS A Love Song


Je sais Bien que Personne ne me lit.

Et si je pouvais j'arriverai avec une bouteille et des Roses.

Avec ou sans bière. On se retrouve souvent à griffoner des conneries sur un carnet lancinant, car il est là, sans qu'on est rien à dire, à crier, déclamer et décupler. Simplement il y a un stylo. Simplement on l'utilise pour se faire croire à l'inspiration aspirante. Et pour aligner des phrases grammaticalement incorrectes. Et bien sûr ce sont de celle que l'on convoite et que l'on a. Parce qu'il y a des humeurs à donner aux gens ce qu'ils veulent. Cette jouissance directe, facile et précaire attendant le funeste déluge et m'auto-congratulant de mots tous plus goûteux les uns que les autres..., d'adjectifs jubilatoires et croustillants phonétiquement. De blonds qui oublient trop vite que leurs cheveux le sont trop. De cette heure qui tourne trop vite et de ce "trop" qu'on écrit à outrance. Et des guillemets qu'on ne sait plus utiliser. Le respect n'étouffe personne.

Et tout les jours et toutes les femmes dans les cafés et tous les verres
J'aurai voulu les boire et les casser.

mardi, mai 06, 2008

Aparté


(Parlons d'image, la vieille était au poste, chez les keufs comme on dit parfois dans sa jeunesse. Elle ne savait pas vraiment quoi leur dire à ces grands gars en uniforme qui pestaient, soufflaient comme des bêtes en cage. Etait-ce vraiment sa faute si le voisin mourrait, fut mort et est mort dans la cave de son l'immeuble? Elle, vieille dame, providence des pigeons ne pouvait plus raconter des salades dès lors qu'elle posait son pied fripé dans ce bâtiment sordide qu'on appelle communément "commissariat" mais qu'on devrais nommer "poulailler vétuste"? Les fariboles, farandoles, mensonges et histoires folles étaient exclu, c'est le gros gars qui fait mine d'avoir du respect pour "l'ancêtre" qui lui a dit ça. Il n'existe donc pas de droit fabulateur dans ce cher pays? La vieille est étonnée. Elle dirige son petit 18m 2 à la baguette et n'accepte pas les filles à longues jupes et les hommes à barbichette. De toute manière il n'y en a pas beaucoup qui se présente à se porte. Sa ville, elle l'a trouve monstrueusement moderne et ce paysage l'a débecte. Elle rouspète les feux vert. C'est une piétonne. Elle trouve les chiens frisés du 3° âge trop attendus, idiots, simplets mais attendrissants. Mais Madame est visionnaire et elle vit très bien seule. Du balconnet de sa chambrette elle renifle, voyant le ciel gris même la nuit à cause du béton. Sa télé vrombrit, gémis près du sofa. C'est Arte.
Des jeunes voyous séduisants lui lance des balles rebondissantes, le respect n'étouffe personne... La vieille est rentrée chez elle. Les flics l'on lâché. Maintenant elle pense au voisin mort. Elle est en train de touiller une purée réchauffée. Les mots lui manque... les dents aussi...)

Il arrive des choses agréables. Et ces choses rendent heureuse.

SERPENT


Racontez leurs des histoires
ils gobent tout
ils croient la verité
Et ça leurs fait plaisir
Et bien sûr il faut gagner du temps
Il est trop precieux pour le vivre
C'est ce que tout le monde fait
Et c'est ce que personne ne pense
Bon grès, Mal grès
Malgrès ta douce plaisance portuaire
Ouvrant les portes maritimes enterrés
On palabre, On les enfonce
Les portes
Le printemps, sans doute offrent aux roses des ronces
Il faudrait alors qu'il dur tout l'été
S'il vous plait, jouez moi " Les feuilles mortes"
C'est encore ce qu'il y a de moins vulgaire
Pour Plaire
Conseil à tout les faux poète
Je note
Conseil aux joueur de fausse note
Je sèche
Sommeil de toutes les jeunes et vieilles sottes
De tout les ambitieux
Des artiste capricieux
Croquant rimes riches
Vomissant leur talent absolument postiche.

mercredi, avril 02, 2008



Lire Sur L'Arbre

dimanche, mars 02, 2008

Cela Porte Malheur

On dit que le plaisir abîme le bonheur
C'est surréaliste
Et Bien sûr
Un peu comme le Christ
Convulsive
Compulsive
Ta froideur EST
Ou elle ne sera pas
Ce que j'aime chez toi
C'est que tu ne pardonne pas
Changer la Vie
C'est Rimby qui l'a dit
Tuons le temps
Tuons nous
Toute ma tragédie
C'est cette glace gâché
Cette dureté FRAPPANTE
Eleve de l'homme-lait
Etre ou ne pas être
Fou de bonheur
Mort au Bonheur!!
Fou de Liberté
Monumental erreur
VOYOU!
Et puis on ne s'intéresse pas
Ca hante
Trop absurde
Les gens imperturbables ont un monde
Sous mes doigts en haut à gauche

mercredi, février 13, 2008

Toute résistance est inutile

Je nous trouve niais. C'est tellement juste que ça à l'air d'être fait exprès.
Tu t'applique tellement à être toi. Mais mince.
De toutes les manières, de toutes les façons la terre sera toujours trop chaude, tes mains trop décharnées, ta blondeur trop cendrée, ta jeunesse trop loin, ta femme trop défoncée, tes secondes trop usées,ton salaire trop bas, ta cigarette trop courte, tes envies trop molles. Tu chercheras Toujours une raison pour ne pas exister. Barbé pas l'émotion suintante, sucettes à la liqueur, ralbolisé d'aimer trop d'un amour trop tenu. Comme ton génie d'ailleurs.

jeudi, janvier 31, 2008

Postiche.


-Partir? Par hasard.
-Tu veux dire quand le hasard ne pourra plus faire autrement.
-...hum...Encore heureux qu'on va vers l'été

Et comme par hasard le ciel lui tomba sur la tête.

mardi, janvier 15, 2008

Alors?



T'es le gars le plus debout que je connaisse.
Tu sais trop bien que le monde est parfait
Parfaitement insupportable
Tout ces légumes qui nous séparent
Ce fossé immense, inimaginable
Minable
Ca me dégoûte
Cette nonchalance à vivre
Je sais, c'est une Blague.

Musique de Chambre

ls optèrent pour ce café typiquement parisien assez chic. Le portier leur sourit comme complice d'un amour qu'il s'était plus à imaginer. Le coin non-fumeur subissait les effluves des nombreuses cigarettes de la pièce communicante. Kathleen détestait la fumé mais elle fit un effort, pour lui. Il restait une table près d'un miroir. Elle s'assit face à son reflet. Plus fort qu'elle. Maintenant ils regardaient la carte. Aucun des deux ne semblaient vraiment convaincu de ce qu'ils faisaient, là où ils étaient. Lui, il n'avait pas ouvert la bouche depuis qu'ils étaient entré. Il regardait, cette grande fille derrière le bar qui versait du lait dans de jolis bols.
Liam rompit le silence en lançant :
-" Un Dom Pérignon 1995
-Quoi?, répondit-elle, sortant de a lecture
-Je veux une coupe de Dom Pérignon 1995
-Ouai, ouai.., fit elle en cachant mal son agacement
-Hein? Qu'es que tu as dit?
-J'ai dit "ouai"" rétorqua t-elle insolente.

C'était ce genre de conversation qui rythmait leurs vie. Il lui sourit et se retourna pour la regarder dans la glace. Elle déforma ses lèvres, réprimant un sourire.
Ils commandèrent finalement deux cafés. Ils finissaient toujours par choisir la simplicité. Sous la table, elle attrapa sa main. Il se troubla, jetant des regards inquiets aux alentours. Lui, c'était la pudeur incarné. Il serra fort la main de Kathleen et la lâcha brusquement.

********

Dans la chambre, Liam regardait le froid par la fenêtre, son souffle embuait la vitre faisant réapparaître de vieux dessins. Dehors, les gens se pressaient, les épaules tendus et les mains serrées dans les poches. Les manteaux sombres et tirés donnent un air sévère aux gens. Pour le moment, la seule chose à laquelle il pensait, c'était qu'il n'avait jamais été sérieux, lui. Toujours à croire qu'il y a le temps. Toujours à jouer. A rire de sa propre gravité. Avec Kathleen, il s'était rencontré très jeune et au fil des mois et des années ils s'étaient habitués à l'amour de l'autre. Sans jamais mettre de mot sur leurs sentiments et leurs futurs communs. A toujours prendre la réalité pour du provisoire, Liam, en regardant les passants glacés, remarquait finalement avec effroi qu'il se sentait comme un adolescent qui joue avec les mots a presque 35 ans. Liam s'imagina, figé dans son insolence, il eu un frisson. Kathleen entra doucement dans la chambre et posa ses mains sur ses épaules. Elle le sentit se décontracter et lui dit :
-"Tu es tendu? La circulation est infernal en bas...tu ne..
-Tais-toi Kate, ça va, ça va, je vais bien. La circulation et les passants sont un spectacle aussi effrayant qu'intéressent, tu sais...
-Non je ne sais pas", dit-elle en souriant
Il vit son visage dans le reflet de la vitre, attrapa sa main, cette fois ci avec assurance. Il se retourna en se levant, elle riait maintenant, Kathleen riait. Liam l'embrassa, il passa sa langue sur ses lèvres et elle ne s'arrêtait plus de rire bientôt il en fit de même. Ils se serraient l'un contre l'autre près de la fenêtre qui était maintenant toute embuée. Puis Liam attrapa les bras de kathleen avec poigne et la plaqua contre la vitre en cognant violemment son crâne, elle ne protesta pas. Il lui serrait très fort les bras. Elle retenait sa respiration et ne souriait plus. Il regarda son corps, Kathleen était belle. Du moins, il l'a trouvait belle. Elle était mince, pas maigre. Il tenait à cette nuance. Elle était grande aussi, plus grande que lui. Desarticulée, cette fille s'articulait parfaitement bien avec Liam, autour de lui...c'est ce qu'on disait d'eux et lui il aimait ce corps qui n'en finissait pas. Après l'avoir regardé il lui lança un regard doux et légèrement inquiet. Elle sentait que son propre coeur était tombé au fond de son ventre, il battait fort mais lentement. Il ouvrit la bouche pour parler...pour dire ce qui devait l'être. Kathleen le regarda alors avec un regard confiant, de ceux qui incitent à parler. Il la lâcha aussi sec et s'effondra sur le lit, elle s'allongea sur lui, sans rien dire. Leurs deux corps tremblèrent ensembles. Elle enserra ses grandes jambes autour de lui. Il ne dormit pas de la nuit.

*********

Kathleen croyait fort au "grand amour". Certains croient en Dieu, d'autre au père Noël. Kathleen, elle croyait à cette chose qui n'arrive qu'une fois. Quand elle regardait Liam, elle se disait qu'elle était amoureuse de lui. Comme une jeune fille. Ils n'avaient plus beaucoup d'amis. C'était comme si tout les êtres extérieurs à leur duo étaient invisibles et simplement inutiles. Elle vivait de lui, il vivait d'elle.
Liam se préparait dans la salle de bain. Il chantonnait un air d'opéra, l'air sérieux. Il trouvait son visage grave. Sûrement cette barbe. Il ne l'avait pas rasé depuis au moins deux semaines. Kathleen l'aimait comme ça. Il l'a faisait attendre et il appréciait honteusement cela. Il lui cria : "Kate...je me rase?". Elle apparut alors, l'air stoïque: "Fais ce que tu veux, fais ce que tu veux...Je m'en fou... Tu ne t'imagines seulement pas à quel point. M'as-tu jamais demandé si j'aimais Miles Davis? Vivons-nous les choses ensemble ou sommes-nous deux simples corps qui se tiennent pour ne pas se mordre ? Tu es un irréaliste... un IRREALISTE !". Elle criait, elle tremblait. Il n'avait pas bougé. Il n'était pas étonné. Il l'attrapa. Liam enferma ses mains sur son poignet. Le froid semblait caresser les os de Kathleen. Il retira soudainement sa main et commença à se raser. C'était comme si c'était ancré pour toujours dans son bras sans jamais la lâcher. Une légère douleur s'installait, un vide. Elle ne sentait plus rien. "Aimes-tu Miles Davis?" lui demanda t'il. Il sentait réellement qu'il avait lancé les dés. Un silence s'installa pendant quelques minutes entre leurs deux corps immobiles. Puis Kathleen se retourna, arracha avec fureur son duffle-coat du porte-manteau et sortit sans un mot de l'appartement.
Le soir même Liam se rendit au concert de Miles Davis. Le trompettiste soufflait comme hardiment absorbé, entièrement là et absolument ailleurs. Miles Davis, le grand, l'illustre se décoiffait progressivement. Kathleen aurait rit de se spectacle, Liam ; lui l'aurait alors regardé avec une sévérité travaillé, puis, aurait de bon coeur rit démesurément du sérieux des gens. Comme d'habitude. Mais ce soir il était seul. A côté d'une jeune fille, pas jolie mais excitante. Blonde platine. Avec un air vulgaire qui sonnait faux. Il devenait fou des murs de cette salle. Qui avait vu trop d'applaudissement, qui étouffait de ces nuages assassins. De ces nuages de cigarettes et autres cigarillos puant. Il haïssait cette exaltation de masse propre au concert. Ses sentiments groupés. Ce peuple criard qui prenait du bon temps à la merci du trompettiste. Il n'arrêtait pas de la guetter. Cherchant dans l'assemblé un sourire lui appartenant. Mais Kathleen ne vint pas. La salle était alors terriblement vide, l'air était terriblement asphyxiant, les sourcils terriblement froncés, Liam se trouvait terriblement con.

********

En rentrant le soir même à l'appartement, Kathleen devina qu'il était partit. C'était palpable. Le peu de meuble qui peuplait le salon semblait tirer la gueule. Il manquait quelque chose, c'était presque ostentatoire. Elle s'assit alors sur le petit canapé rouge. Il sentait encore son odeur. D'aussi loin qu'elle le connaisse Liam avait toujours sentit le bambou. Etrange odeur. Elle se déshabilla, enleva sa robe trop chic pour elle. Elle fila ses bas avec indifférence et libéra ses trop longs cheveux. Elle dégrafa son soutien-gorge, aimant à l'infini ce geste. Kathleen courra à la douche y restant assez longtemps pour vider la nappe phréatique mondial. Son poignet toujours glacial elle se dit qu'il fallait peut être le retrouver.

*******

Le lendemain Liam ne revint pas. Le surlendemain non plus. Kathleen passa le mois de Mars autant que celui de Mai à guetter la port d'entrée, les silhouettes, les bruits, les abord de l'appartement, le silence de la nuit, la lumières des bagnoles, le téléphone. Elle demandait du regard au passants, aux parisiens un indice, un bout de Liam. Elle ne faisait qu'attendre. Moins il reviendrait plus il payerait son absence. Dent pour dent mon amour. Toi et moi on va bien s'amuser. On se tue déjà pas mal. On est les mêmes. Des sales lâches.
"Tu dois faire sans Kathleen..., disait ses collègues, sa famille Tu vas oublier...
-Je vais faire avec au contraire"
Tu parle d'une aide psychologique.
Il y a des gens qui errent seuls, dans la rue, dans le métro, le RER, surtout le C. Il y en a aussi qui se baladent dans leur vie. Qui flânent leur existence. Kathleen n'était pas seule au moins. Liam était partout depuis presque 11 mois. Le temps d'avoir un mioche de deux mois. Un adorable geignard. Une bête humaine témoin d'amour...
On est en Décembre, il est 18h30 et le soleil décline. Les lumières des réverbères s'allument, et, déjà Kathleen s'emplit d'une énergie violente en passant devant l'église St Paul. Elle s'amuse de ce dynamisme presque mystique qui traduit l'incohérence aiguë de son quotidien sans vague et sans écume. Elle marche vite au milieu de la petite rue pavé. C'est une manière d'emmerder le monde. Devant, il y a un garçon blond qui ressemble à Liam. Il est plus petit, à ses côté il y a une jeune fille. D'une banalité comme on en fait plus. Elle se rapprochent d'eux, le pourpre aux joues. C'est dégoûtant ce cinema. Attendez voire qu'elle le quitte. Leurs épaules se frôlent. Elles se parlent ; le langage des mièvres. Leurs mains se cherchent. Plus de doute... Elles se connaissent et s'évitent en se racontant la plus vieille des histoires. Au fond ces deux là ont déjà cédées. Elles jouent pour de faux. Elles tremblent pour rire. Tout le monde connaît la fin de ce duo hésitant. Le garçon prendra la main de la fille. Elle le laissera faire. Tendrement ou pas. C'est si naturel et tellement normal. Se spectacle devient vite insupportable, Kathleen les dépassent et essaie de penser à autre chose. S'il revient j'arrête mon cynisme. S'il revient je mange des aubergines. S'il revient je commence à fumer. Ou plutôt s'il ne revient pas. Et puis je deviens la plus grande traînés de tout Châtelet, de tout Montmartre et de tout Bastille. S'il revient j'arrête d'être un gamine et je fait un gosse, je m'abonne à Elle et je fait du poisson le vendredi. S'il ne revient pas je le rendrai fou. Il comprendra sa douleur et ce sera beaucoup trop tard.


*******
Cela faisait déjà une heure qu'elle attendait. Patiemment assise sur les bancs inconfortables de la Gare. Le grand hall était ensoleillé et les derniers rayons du jour chauffaient sa nuque.Elle étaient aux aguets, sera t-il là? Elle se sentait usée...et peut-être bien fatiguée...mais elle conservaient cette légère palpitation au coeur lorsqu'elle devinait une tête blonde. Au milieu de tous ces gens qui se pressaient considérant, sourcils froncés, les horaires des trains, elle semblait terriblement décalée, un air hagard qui n'allait pas à son âge; une lassitude qui dégoulinait sur le banc. Installée à côté d'un grand garçon décharné, elle ne saisissait pas les causes de son immobilisme éclatant. Même sachant qu'elle ne l'apercevrait pas, elle restait. Observant les valises à roulettes, les chats craintifs dans leurs boites de voyage elle entendait le satisfaisant bruit du compostage des billets. Elle remarquait finalement l'inutilité flagrante de sa présence dans cette abîme instable où la la lumière baissait lentement. Alors elle se leva. Les yeux dans le vague. Avec le goût amer de ce rendez-vous improvisé et raté. Dehors le déluge...L'eau de pluie entre les lèvres...Tout était affreusement flou, alors, mécaniquement, elle sortit sans ménagement ses lunettes d'incontestable myope. Et tout devint plus clair, le paysage autant autant que la désillusion...
*******

L'appartement était encore plongé dans l'obscurité des vingt et une heures quand le téléphone sonna. C'était relativement rare. Kathleen de dépêcha de répondre. "Allô?...Allô?....", dit-elle sans obtenir le plus mince filet de réponse. Elle s'apprêtait à raccrocher quand une voix grave et très basse répondit : "C'est moi" Pas besoin d'en dire plus. Elle lâcha le combiné, terrifiée. Liam n'avait pas raccroché, elle entendit le téléphone geindre un "Kathleen...". Pourtant malgrès sa fureur elle le ramassa et lui dit brusquement "Quoi?
-Demain, Dix sept heures... Dix sept, parc Montsouris
-Je m'en tape de..." Il avait déjà raccroché le salaud.
Quel merdeux ce type. Complètement déjanté.

*****

Kathleen arriva devant le parc vers dix sept heures, il n'y avaient que deux ou trois vieilles dames accompagnées d'un trio de Yorkshire excités. Cette petite bande lançaient avec une mollesse frigide des morceaux de pain trop secs au pigeons malheureux d'un Paris pollué. Rien ne semblait venir déranger ou perturber ce spectacle humaniste et charitable. Pas d'enfants pleurnichards et de mères angoissées. Un silence mortel, un froid brute. Kathleen était habité par une sérénité déconcertante, un calme déroutant. Elle se regardait attendre sans frissonner sur ce banc pourris. Elle se leva soudain et se dirigea vers un taillis de buisson en s'accroupissant derrière avec souplesse. Elle étouffa un rire en s'apercevant de ce qu'elle était en train de faire. Les vieilles dames ne l'avaient pas vu. Accroupi comme une gamine, elle savourait cette instant, attendant Liam, regardant l'aiguille de sa montre de temps à autre. A dix sept heures seize, Liam entra dans le parc par l'entrée Nord. Elle le vit alors, il n'avait pas beaucoup changé. Toujours aussi...Liam...et ce sillon de volute de bambou qui caressait les arbres sur son passage. Il regarda à droite, à gauche puis le ciel. Il paraissait la chercher dans le nuages. Pourquoi pas après tout. Il s'assit sur le même petit banc rabougri en se frottant les mains faisant fuir le froid. Liam était paisible. De toute façon elle viendrait. Plus loin Kathleen l'observait, l'attendre. Elle assistait à sa propre a abscence à ce rendez-vous espéré, prié à tout les Dieux et redouté par tout les Anges. Elle se leva enfin avec discrétion de façon à ce que personne ne l'a voit. Elle se faufila entre les arbustes chétifs et arriva sans bruit à la droite de Liam. Elle posa ses mains brûlantes sur son épaule. Il tourna la tête avec une infinie douceur, les yeux fermés. Ils se levèrent, face à face. Magnifiquement heureux, magnifiquement émus. Elle attrapa la nuque de Liam, rapprochant leurs visages, faisant toucher leurs fronts chauds. Une larme éclos des paupières de Liam, perla rapidement jusqu'à des paumettes puis s'écrasa sur ses lèvres, les inondants avec justesse. Liam se détacha de sa Kate et s'essuya négligemment les joues d'un revers de manche. Il repris son regard désinvolte en s'échappant d'un sentimentalisme inhabituel. "Que faisait tu derrière le buisson, Kathleen?
- Tu m'as vu alors...
- Qu'es que tu croyais, dès que j'ai franchit le seuil de Montsouris, je l'ai tout de suite vu ton sourire, tout de suite.
- Tu regardais le ciel
- Pour te faire rire, sentir ta bouches s'étirer, tes fossettes se creuser et tout cela s'esquisser..."
Kathleen fut traversé par un bien-être jamais égalé et luis sauta dans les bras, accrochant ses jambes osseuses autour de la taille de Liam. Elle poussa un cri victorieux. Les pigeons s'envolèrent d'un mouvement "miasmatique" emportant la brume et le calme du square. Les vieilles lancèrent des regards haineux au couple et les cabots aboyèrent avec une hargne définitivement ridicule.
Les deux tendres sortirent de Montsouris avec énergie. 11 mois qu'ils ne s'étaient pas vu, autant dire une éternité. Quittés sur un malentendu...un mal de vivre. Tout ça pour Miles Davis. Toutes ces secondes, gâchées, tuées, assassinées, décapitées, moisis, violées, perdues, dégoûtantes. Les retrouvailles n'ont pas de prix. Faudra t-il se quitter pour mieux souffrir son bonheur?

******

Ils se retrouvèrent comme avant à l'appartement. Comme on le fait après le vide. Offrant véritablement sa confiance et son abandon. Comme le père prête sa vieille 404 lustrée à son fiston pour les jours heureux...sans jamais au fond savoir s'il en reviendra. Liam se leva vers la cuisine pour se servir un verre d'eau et attraper son paquet de cigarettes presque vide. Il cherchait à taton la bouteille dans l'obscurité de la pièce. De la fenêtre il voyait un grand arbre qui paraissait le regarder, essayant de vivre. Sa présence devenait devenait gênante et intruse. Liam était nu. Les feuilles tanguaient, fatiguées. Timides mais sans complexes, elles avaient abandonné le faste romantique matinal. Sans effort elles voulaient s'envoler de cette ville destructrice. A l'arrière plan il y avait les lumières stressés de la Défense. Liam fut légèrement submergé par une forme de fascination envers toutes ces petites vies derrières ces petites fenêtres dans ces immenses buildings aux formes anciennement futuriste. Tout cela dans un ciel sans étoile.
L'arbre s'en foutait pas mal. Il était enraciné.
Il voyait sans regarder. Il était parisien.
Liam retourna dans la chambre en oubliant son verre d'eau.

*******

Kathleen était allongé en travers du lit défait, lourdement, molle et inconsciente. Liam s'assit sur le rebord, feuilletant sans le lire un vieux "Courrier international" sur la Corée du Nord. Il enfila alors une chemise et un pantalon sans sous-vêtement ni réflexion. Il se pencha sur l'endormie avec habileté, ralentissant ses mouvements et dégagea les cheveux de son visage détendu et intelligent. Il l'embrassa, lui susurrant pour la première fois un "Je t'aime" ailé. Il s'en alla dans le couloir. Kathleen ouvrit les yeux, elle ne dormait pas. Elle le regardait partir et diminuer dans le corridor. Il referma la porte d'entrée sans se retourner. Kathleen se leva et mit dans la chaîne hi-fi le premier enregistrement de Miles Davis.
S'il revenait elle écouterait Miles Davis. Le jours, la Nuit.